Dimanche 29 juin 1913, écoutez donc …

Le 3 juin 1911 , le grammairien, historien de la langue française Ferdinand Brunot , inaugure à la Sorbonne les Archives de la parole, fondées avec l’aide de l’industriel Émile Pathé. Première collection institutionnelle de phonogrammes (enregistrements sonores) créée en France, ces Archives constituent par ailleurs la première pierre d’un Institut de phonétique que l’université de Paris souhaite mettre en place dans leur prolongement.

Après sa première enquête phonographique dans les Ardennes de 1912, Ferdinand Brunot retourne sur le terrain pour une collecte sonore dans le Berry en juin 1913. Mais Ferdinand Brunot n’est plus accompagné ici d’un dialectologue comme précédemment. Le résultat de l’enquête s’en ressent.

D’une mission à l’autre, les proportions s’inversent. Les récits de vie et les conversations majoritaires dans l’enquête ardennaise, deviennent minoritaires, laissant la place aux chansons, aux chants de travail et aux airs de danses. Entre le 28 et le 30 juin, Ferdinand Brunot réalise ainsi 56 enregistrements de 44 locuteurs répartis dans trois lieux (sur disques plats Pathé Saphir de 30 cm de diamètre).

Ce sera à La Châtre le 28 juin 1913, Nohant-Vic le 29 juin et Saint-Chartier le 30 juin

A l’évidence, Ferdinand Brunot traque le pittoresque, le “rustique”, un certain “exotisme de l’intérieur”, plus que l’intérêt linguistique. En lieu et place d’une enquête dialectologique, il se livre à une véritable reconstitution sonore de l’univers fictionnel de George Sand. Brunot enregistrant notamment la fille de la nourrice de cette dernière : Louise Briaud, alors âgée de 74 ans. Malgré cela, même si l’enquête dialectologique n’est plus véritablement le propos de cette mission, les enregistrements sonores que Ferdinand Brunot en ramène sont un témoignage d’un exceptionnel intérêt, notamment sur les pratiques musicales en Berry au début du siècle.

Ferdinand Brunot enregistre à Nohant-Vic le dimanche 29 juin 1913 :

Le général Fin-fin, et la Marche des mariés, airs de cornemuse, Jean-Baptiste Charbonnier, cultivateur, fabricant de cornemuse. Jean-Baptiste Charbonnier a été un des neuf premiers Gâs du Berry à la création de la Société des Gâs du Berry en 1888.

Conversation la lessive et Conversation sur les maladies, Mélanie Touzet, 57 ans, garde-barrière et Mme Rivière, 78 ans, cultivatrice

Conversation entre Mélanie Touzet, 57 ans, garde-barrière et Mme Rivière, 78 ans cultivatrice], chanson : le vingt-cinq de décembre, je me suis t’engagé par Jean Ducroc, 51 ans, cultivateur]

Briolée aux boeufs par Jean Ducroc, 51 ans, cultivateur , chant. L’amoureux infidèle, chanson, Mme Rivière, 78 ans, cultivatrice

Conversation dialoguée, Jean Ducroc, 51 ans, cultivateur et Sylvain Robin, 56 ans, cultivateur. Allons, mon Toène, allons… : chanson Henri Viaud, 20 ans, cultivateur

Allons, mon Toène, allons…et Briolée aux boeufs : Henri Viaud, 20 ans, cultivateur]et  chant. : Chanson de l’Empereurpar Mme Rivière, 78 ans, cultivatrice

Dialogue et chanson “Au pays du Berry” avec Mélanie Touzet, 57 ans, garde-barrière et Louise Biaud, 74 ans, aubergiste. Briolée aux boeufs par Sylvain Robin, 56 ans, cultivateur

 

Pour en savoir plus, à paraitre en décembre “La Parole et le Son, un siècle de de collectes orales en Berry” :

Sources :

https://www.cairn.info/revue-de-la-bibliotheque-nationale-de-france-2014-3-page-5.htm#

https://gallica.bnf.fr/html/enregistrements-sonores/enquete-dans-le-berry-juin-1913?mode=desktop

https://gallica.bnf.fr/html/enregistrements-sonores/noyant-29-juin-1913?mode=desktop

Pin It